EN BREF
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Le bilan carbone d’un système repose sur deux éléments fondamentaux : la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’augmentation du stockage de carbone dans le sol. Un exemple probant est le système innovant Syppre, qui a été mis en place en Champagne. Démarré en 2016, ce système compare un modèle à 10 cultures à un système de référence conventionnel à 5 cultures.
Les résultats de l’évaluation sur quatre années montrent une baisse significative des émissions de GES, atteignant une réduction de -366 t eq CO2. Cependant, le site présente une trajectoire de déstockage de carbone, ce qui nuit aux bénéfices réalisés en matière d’émissions. Ainsi, bien que les résultats globaux soient positifs, le bilan n’est pas totalement satisfaisant. L’étude met en lumière que le stockage de carbone s’avère plus complexe à obtenir que la réduction des émissions de GES, soulignant la nécessité d’optimiser les rendements des cultures et d’augmenter ceux des couvertures végétales pour améliorer le bilan.
La lutte contre le changement climatique nécessite l’intégration de diverses stratégies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) tout en augmentant les capacités de stockage du carbone. Cet article explore une étude de cas pratique, en l’occurrence le système innovant Syppre en Champagne, qui met en lumière les défis et les réussites associées à la recherche de cette synergie. À travers un examen rigoureux des pratiques agricoles et d’optimisation des cultures, nous analyserons les résultats d’une évaluation de l’impact carbone, les leviers utilisés et les enseignements tirés, contribuant ainsi à la discussion sur les solutions nécessaires pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux.
Contexte et enjeux du stockage du carbone
Le stockage du carbone constitue une réponse efficace au défi climatique, permettant de retirer le CO₂ de l’atmosphère et de le stocker dans les sols ou les écosystèmes. Cette pratique s’avère cruciale dans un contexte mondial où la hausse des émissions de GES est associée à des impacts environnementaux significatifs. La nécessité d’une transition vers des pratiques plus durables incite non seulement à la réduction des émissions, mais également à des méthodes de captage et de stockage innovantes. Les approches actuelles mettent en avant le potentiel des systèmes agroécologiques comme leviers d’action, où le stockage de carbone et la réduction des GES s’alimentent mutuellement.
Les leviers pour la réduction des émissions de GES
Dans le cadre de cette étude de cas, il est fondamental d’identifier les leviers appliqués pour réduire les émissions de GES. L’intégration de légumineuses et la diversification des cultures jouent un rôle crucial. En introduisant des légumineuses dans les rotations, les agriculteurs peuvent restaurer l’azote dans le sol, ce qui minimise le besoin d’engrais azotés et, par conséquent, limite les émissions liées à leur application. Les cultures à faible besoin en azote, telles que le chanvre et le tournesol, viennent également soutenir cette dynamique, redéfinissant les cycles de culture et réduisant le besoin d’input externes. La simplification des pratiques de travail du sol contribue également à abaisser les émissions de GES, en rendant le processus plus efficient.
Impacts des couverts végétaux
Le choix des cultures et l’implémentation de couverts végétaux apparaissent comme des éléments clés dans la quête d’une agriculture durable. Les couverts d’interculture, en particulier, fournissent un double bénéfice : d’une part, ils captent le carbone pendant les périodes où les sols autrement exposés pourraient perdre du carbone à cause de l’érosion et, d’autre part, ils améliorent la qualité du sol en favorisant la biodiversité. Ces éléments sont respectivement corrélés à la réduction des émissions de GES dues à la fertilisation et à la dégradation des sols.
Le système Syppre : une étude de cas innovante
Le système Syppre, débuté en 2016, représente une une approche novatrice pour examiner l’interaction entre la réduction des émissions de GES et l’augmentation du stockage de carbone à travers un système agroécologique comprenant plusieurs cultures. En mettant en comparaison cet ensemble innovant de dix cultures avec un système de référence conventionnel optimisé de cinq cultures, il est possible d’obtenir une vision claire de l’efficacité de ces méthodes. L’évaluation des cultures cultivées et de leur productivité, est essentielle pour la validité de cette étude de cas et s’appuie sur la méthode labellisée « Bas Carbone Grandes Cultures ».
Évaluation des résultats sur quatre années
Au cours des quatre années de l’évaluation, les résultats ont mis en évidence une réduction des émissions de GES de -366 tonnes équivalent CO₂. Ce chiffre est particulièrement significatif et souligne l’efficacité du système. Toutefois, il est important de noter que, malgré cette réduction, le site étudié affichait une trajectoire de déstockage de carbone. Ce constat met en lumière un point crucial : bien que les émissions aient diminué, la capacité du système à stockage de carbone reste insuffisante, ce qui atteste de la complexité d’atteindre une synergie parfaite entre ces deux objectifs.
Les difficultés du stockage de carbone
Les résultats de l’étude révèlent deux conclusions essentielles de l’évaluation. D’abord, la difficulté d’obtenir un stockage de carbone est plus prononcée que celle de réduire les émissions de GES. Cela suggère que passivement, le stockage de carbone pourrait soutenir moins efficacement la stratégie globale d’atténuation des émissions. Par conséquent, les leviers de stockage, notamment par les couverts, ne se traduisent pas par un accroissement proportionnel du stock de carbone dans le sol. Les rendements parfois faibles des cultures réduisent également la quantité de carbone retourné au sol par les résidus, compliquant encore cet objectif.
Optimisation des cultures pour un meilleur bilan
Pour maximiser la capacité de stockage du carbone, une optimisation des productions cultivées est impérative. Motiver les agriculteurs à adopter des pratiques favorisant des rendements cumulés plus élevés est fondamental pour générer un retour substantiel de carbone dans les sols. En outre, veiller à ce que les couverts d’interculture soient maximisés et correctement gérés peut aider à améliorer ce bilan. Une implantation précoce des cultures, avant un retour de conditions climatiques favorables, augmente la durée de présence des couverts et, par voie de conséquence, leurs effets positifs sur le sol.
L’importance de la recherche et de l’innovation
La lutte contre le changement climatique nécessite des innovations technologiques. La recherche doit se concentrer sur le développement de méthodes permettant d’améliorer le bilan carbone des exploitations. Des mesures telles que le captage direct du carbone (DAC) et d’autres techniques de séparation du CO₂ ont leur place dans un cadre plus large d’assistance aux agriculteurs. Un partage élargi des connaissances sur les pratiques des systèmes innovants peut ouvrir la voie à un soutien renforcé en matière de stockage du carbone et de réduction des émissions. Le travail intersectoriel, en reliant les domaines de l’agriculture, de l’écologie et de la technologie, pourrait devenir un catalyseur pour des changements radicaux.
Collaboration interdisciplinaire
Les synergies entre les secteurs doivent être renforcées afin d’imaginer des solutions intégrées et durables qui relient les méthodes de stockage à réduction des émissions de GES. Cela nécessite des alliances entre chercheurs, agriculteurs et décideurs politiques, permettant d’adapter aux enjeux locaux des résultats de recherche à des échelles plus larges. Par exemple, le développement de programmes d’incitation pour les pratiques de stockage de carbone pourrait s’inscrire dans le cadre de résolutions politiques plus larges sur le climat.
Conclusion des résultats de l’étude
Les enseignements tirés de l’étude de cas Syppre en Champagne soulignent l’importance d’une approche intégrée entre émissions de GES et stockage du carbone. Bien que des réductions significatives aient été enregistrées, le stockage de carbone pose encore des défis. Les pratiques agricoles doivent continuellement évoluer pour maximiser les avantages écologiques des systèmes tous en préservant la productivité économique. Comme nous l’avons vu, comprendre la relation dynamique entre ces variables sera essentiel pour réaliser des avancées significatives dans la lutte contre le changement climatique.

Témoignages sur la Synergie entre le Stockage du Carbone et la Diminution des Émissions de Gaz à Effet de Serre
Une étude de cas réalisée dans le cadre du système Syppre-Champagne démontre l’interaction complexe entre le stockage de carbone et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Les résultats indiquent que, tout en parvenant à diminuer les émissions de GES, il reste des défis à surmonter pour optimiser le stockage de carbone dans le sol.
Un agriculteur impliqué dans le projet souligne : « Dans nos pratiques culturales, l’intégration de légumineuses a été déterminante. Non seulement elles restituent de l’azote au sol, mais elles contribuent également à réduire nos besoins en engrais azotés. Cela a eu un impact positif sur nos émissions. Cependant, il est reconnu que le stockage de carbone reste un défi. Nous devons avant tout nous concentrer sur l’augmentation de la productivité des couverts pour y parvenir.
Un chercheur associé au projet fait écho à ces déclarations : « Les résultats de cette étude mettent en lumière les nuances de la gestion des cultures. La réduction des émissions de GES a été satisfaisante, mais les niveaux de stockage du carbone se sont avérés plus difficiles à atteindre que prévu. Les cultures associées et la diversification des espèces sont cruciales, mais nous devons aussi maximiser les rendements des cultures pour assurer un retour suffisant de carbone.»
Un expert en agronomie commente : « Le système Syppre nous offre des enseignements précieux sur ces dynamiques. Il est essentiel d’adapter les pratiques en fonction des résultats. La variété des cultures et des périodes de desherbage ont un rôle crucial à jouer pour équilibrer la réduction des émissions tout en favorisant le stockage de carbone dans le sol. L’importance des couverts d’interculture ne peut être sous-estimée dans cette équation.»
Enfin, un représentant d’une organisation agricole conclut : « Les leviers de stockage doivent être renforcés. Nous devons continuer à innover et à partager les bonnes pratiques au sein de la communauté agricole. Optimiser les interactions entre les cultures et les couverts d’interculture est essentiel pour faire progresser ces deux objectifs, qui sont la réduction des émissions de GES et le stockage de carbone dans nos sols. »